A Sanary s/mer (Var) Portissol, un site sous marin historique...
Portissol fut reconnu très tôt un lieu chargé d'histoire par Barthélémy RODGER, l'historien local de Sanary.
C'est avec lui que j'ai fondé le musée Dumas en 1994 (Lire à cet effet "L'histoire du Musée Frédéric Dumas" paru aux Éditions des Presses du Midi à Toulon)
Monsieur Rodger avait déjà pressenti que ce quartier deviendrait un lieu mythique dans le contexte de "Sanary cité historique de la Plongée sous marine" puisqu'il avait obtenu que la municipalité baptise l'espace situé au dessus de la plage "Esplanade Frédéric DUMAS".
Il n'ignorait pas non plus tous les travaux archéologiques terrestres effectués par F.Dumas.(Ci contre)
Henri Ribot et Didier Martina-Fieschi mirent à jour, une construction immergée, un bassin de lavage.... Ce site fut retrouvé grâce à des plans remis par la famille Dumas à Pierre Yves Le Bigot, Président à l'époque. Je participais d'ailleurs à ces fouilles avec des plongeurs sanaryens.
Le tout est toujours en place, mais enfouie sous le sable de la plage.
Cependant le plus significatif reste la matte de Portissol dont je vais faire état ci dessous.
La matte de Portissol :
Ainsi donc la matte de Portissol, à Sanary, se révèlerait être un site historique.
Tous les plongeurs et chasseurs sous marins locaux connaissent cette remontée au centre de la plage. Une matte couverte de posidonies.
Sa particularité, elle affleure presque la surface. Par beau temps et mer calme il est possible de se tenir debout sur sa partie la plus élevée, avec de l'eau jusqu'aux genoux.
Elle est aussi partagée en deux par une faille située parallèlement, résultat d'un écroulement du à des tempêtes et à l'érosion de son pied.
Dans cette faille...
Revenons en à la partie historique.
Ainsi que je le relate dans mon livre "Plongées au GERS1954/57" je me suis retrouvé aux côtés de Monsieur Dumas pour effectuer une mission à Toulouse.
Comme je l'écrit, nous avions pris sa célèbre 4 CV renault, ce qui me permis, tout au long du parcours de questionner ce pionnier sur ses exploits en tant que chasseur sous marin dans ses débuts. C'est là qu'il me parla de la matte de Portissol :
" Lorsque j'ai débuté, du poisson, il y en avait partout. Habitant Portissol, je n'avais pas loin à aller. Par exemple il y avait des dalles profondes tout le long de la côte jusqu'à la Cride. Et dessous des ragues de sars. Mais le meilleur endroit, c'était la matte avec sa faille juste devant la plage. Je savais pouvoir y tirer un loup de belle taille à chaque sortie...Je suis sur que si u y retourne tu pourra en faire autant..."
J'ai toujours écouté les avis éclairés des anciens.
Je quittais le GERS en 1957, sans oublier pour autant ce sage conseil de Frédéric Dumas.
Le temps passe et un beau jour d'été, j'apprends qu'il est possible de troquer la lourde flèche de mon arbalète Beuchat contre une nouveauté "la flèche tahitienne"
En fait c'était la même, seul le diamètre et la longueur changeaient. De 10 m/m nous passions à 6m / m. Cette idée nous avait été rapportée par "Les 4 du Moana" qui venaient de terminer leur "Tour du Monde de la chasse sous marine"
Il se passe que je les connaissait très bien, car leur bateau le Moana, était amarré au port de Sanary racheté par mon ami Paul Dubois, l'homme du Masque Squale.
Ayant donc changé mon type de flèche, je me dis qu'il va falloir l'essayer. Nous étions en Juillet, ou en aout, je ne me souviens pas bien du mois. Mais c'était la pleine saison d'été. Et d'un seul coup, un flash le conseil de Frédéric Dumas, la matte de portissol, il doit bien y avoir encore du poisson. Nous sommes dans les années soixante, les fonds marins n'ont pas atteint la désertification actuellement en cours.
Il est 10 heures du matin, il n'y a pas encore trop de baigneurs. Je me mets à l'eau, au plongeoir, sous l'œil bienveillant du CRS sauveteur de la plage, mon ami Joé Brun.
Arrêtons nous un instant, Joe Brun, c'est un atlèthe, un balaise comme on dit ici, ou un "Che de Gonz" aussi. C'est surtout un boxeur qui à combattu Marcel Cerdan. Enfin un brave type, toujours prêt à se jeter dans les vagues, les jours de mistral pour aller sauver le touriste imprudent.
Comme vous pouvez le constater, Portissol, c'est quand même une sacrée page d'histoire
Mais revenons à mes essais. Je suis à l'eau, en néoprène, je nage doucement vers la matte. J'y arrive sans bruit sur le haut, allongé de bras tendu avec au bout l'arbalète, et je passe la tête au bord. Frédéric Dumas, quel chasseur sous marin ! Car je vois sortir de la faille, montant vers moi, curieux comme l'est toujours ce poisson, un loup magnifique.
Il vient droit vers la pointe de la flèche. Je vise calmement entre ses deux yeux jaunes en boutons de bottine.
La flèche part, le loup aussi, mais pas assez rapidement car je le perce, juste derrière la tête. Un sacré joli coup, quelle précision ce nouvel outil.
Á la pesée ce poisson affichera dans les trois kilos. Il sera grillé dans le jardin d'un ami abondamment garni d'herbes et de fines tranches d'oignons, arrosé d'un mélange savant de vin blanc, de muscat, d'huile d'olive...Bref la recette classique. Attention pas celle du célèbre Loup au fenouil des restaurants à touristes où en fait on arrose le poisson avec du pastis.
Non, soyon sérieux, le jaunet c'est pour l'apéro, par pour dénaturer cette chair délicate.
Je ne suis jamais retourner sur la matte de Portissol, mais j'ai entendu dire par d'autres chasseurs sous marins que dans la faille on peut encore y tirer un loup de temps en temps.
Cet endroit il faudrait le dédier à Monsieur Dumas, comme nous les jeunes plongeurs du GERS nous l'appelions, avec respect et admiration.